Margarita

Margarita, juste née de ce matin, est un adorable pâton bien dodu, tout rond et tout doré.

Très vite, tant qu'elle est encore fraîche et malléable, une formation intensive lui est dispensée.

Elle est prise en main par un maître qui la façonne à coup de claques et d'écrasement de gueule sur le marbre.

Chaque étape de sa formation transforme irrémédiablement son petit moi émergeant, en produit conforme et standard, perdant ainsi toute saveur personnelle. 

Finalement, on lui adjoint le bagage classique de tomates, champignons et poivrons ; toutes choses nécessaires pour la réussite de son futur "économique" dans notre société.

Pour parachever sa formation, c'est le baptême du feu : Margarita est enfournée sans délicatesse, cuisante épreuve dont elle ressort irrémédiablement marquée.

Enfin voici le moment d'être présentée au monde....

Ho ! Qu'elle n'est pas l'humiliation de Margarita lorsqu'on lui enduit le bas du dos d'huile piquante et qu'on l'envoie se faire dévorer à la table des patrons !

La vie de Margarita fut brève mais appréciée pour ce qu'elle était : Un consommable dans une société de consommation.

Un consommable dont les choix de vie sont déterminés à la demande des patrons et que tout un système de formation supporte !

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